Lettre qu’une vieille tante envoie à sa nièce pour la conseiller après une rupture amoureuse.
Extraits :
Ma chère mignonne,
…Ma chérie, nous avons aux mains le plus terrible pouvoir qui soit : l’amour.
…L’homme, doué de sa force physique, l’exerce par la violence. La femme, douée du charme, domine par la caresse. C’est notre arme, arme redoutable, invincible, mais qu’il faut savoir manier.
…Sais-tu d’où vient notre vraie puissance ? Du baiser, du seul baiser ! Quand nous savons tendre et abandonner nos lèvres, nous pouvons devenir des reines.
… Crois-en mon expérience. D’abord n’embrasse jamais ton mari en public, en wagon, au restaurant. C’est du plus mauvais goût ; refoule ton envie. Il se sentirait ridicule et t’en voudrait toujours.
Méfie-toi surtout des baisers inutiles prodigués dans l’intimité. Tu en fais, j’en suis certaine, une effroyable consommation.
Ta vieille tante,
COLETTE.
Guy de Maupassant Contes divers (1882)